Pour le dernier article de la série « Circle of Stars » écrit à la première personne, c’est au tout de Carli Lloyd de se confier, native de Delran dans le New Jersey, élevée comme fan des sports de la ville de Philadelphie et qui est par la suite devenue l’une des joueuses les plus impactantes et médaillées dans l’histoire des Etats-Unis.
Vous devez juste aller le chercher.
Est-ce que je me souviens du moment où j’étais lorsque le shoot est rentré ?
Bien-sûr.
Je suis une fan des sports de Philly depuis toute petite et j’ai suivie les Sixers toute ma vie.
Donc bien-sûr que je me souviens d’où j’étais lorsque la balle a rebondi quatre fois et éliminée les Sixers lors des Playoffs la saison dernière.
Je regardais le Game 7 contre Toronto à la maison avec mon mari. J’avais regardé tous les matchs de la série et j’étais dégoutée. C’était dans un angle impossible et le fait que la balle aie rebondi quatre fois avant de rentrer de le cercle était quelque chose d’imaginable. C’était déchirant car j’ai trouvé que les Sixers avaient fait un bon run cette saison et je pensais qu’ils connaîtraient le succès. Ca fait partie de l’une de ces actions incroyables de Playoffs – les grands joueurs font des grandes actions.
J’ai joué au basket jusqu’à ma troisième année au lycée de Delran donc j’ai toujours aimé ce sport. Allen Iverson était mon joueur préféré des 76ers. J’aimais son énergie, son crossover meurtrier et la passion qu’il avait. Il était cool à regarder jouer et à amener quelque chose d’unique dans cette équipe et au sein de la ligue. Je devrais aussi dire que l’équipe de 2001 avec Eric Snow, Aaron McKie et le run d’AI et de cette équipe en Playoffs fait partie de mes meilleurs souvenirs all-time.
Pour moi, le football a toujours été mon sport, ma passion. Je n’ai jamais remis cela en question. Je n’ai jamais eu de décisions difficiles à prendre du style: » Est-ce que je choisis le foot ou le basket ? « . Cependant j’aimais cette sensation d’avoir la balle dans les mains et de driver vers le panier et surtout, de tirer à trois points. J’étais très rapide et j’avais peur de rien. J’étais prête à jouer contre n’importe qui. J’étais une bonne athlète et plutôt bonne au basket. Je n’aimais pas les entraînements et les exercices de course mais j’aimais ce sport et j’adorai être en compétition.
Pendant une vie concentrée autour du sport, j’ai enduré des défaites qui font mal. La plus dure était probablement celle lors de la finale de Coupe du Monde 2011. C’était en Allemagne et on jouait contre le Japon. De la façon dont notre aventure se déroulait, on pensait que c’était notre moment. On a bataillé pendant les matchs, on a remporté un quart-de-finale épique contre le Brésil lorsque Abby Wambach a marqué le but dans les dernières secondes pour égaliser. On avait l’impression que tout allait dans notre sens et que c’était notre moment de remporter le titre.
Au final, on ne l’a pas fait.
La finale contre le Japon allait d’un côté à l’autre. On a fini sur un match nul, une prolongation et même jusqu’aux tirs aux buts. En tant que joueuse on veut tirer un penalty. La pression pour step up alors que le monde entier vous regarde n’est pas quelque chose de facile à faire. J’ai toujours voulu tirer un penalty et malheureusement, lors de ce match, lorsque les enjeux étaient au plus au points, je l’ai manqué. Je me souviens du doute qui s’installait avant que je tire ce penalty. On a déjà connu une séance de tirs aux buts avant celle-ci lors du match face au Brésil. On les avait tous rentrés, moi également. Face au Japon je me souviens m’être posé cette question: » devrais-je changer de côté ? » J’ai décidé de garder le même coté et d’y ajouter plus de vitesse. Malheureusement, j’ai mis trop de puissance et le ballon s’est envolé au-dessus du but, ce qui est encore plus démoralisant. Ce n’est pas comme si la gardienne adverse l’avait arrêté ou la balle avait effleuré le but. Le ballon était largement passé au-dessus et s’est envolé dans les tribunes. Je me souviens d’avoir eu l’impression d’avoir abandonné le pays et mes coéquipières. C’était une mauvaise sensation. C’est le genre de moment où on a envie de s’asseoir seule dans une pièce, de ne parler à personne et de pleurer.
Mais il y a un autre aspect dans ces défaites, que ce soit aux tirs aux buts lors de la finale de la Coupe du Monde ou une défaite sur un tir qui rebondit quatre fois lors d’un Game 7. Ces moments peuvent faire de vous des meilleurs joueurs et des personnes plus fortes. J’ai fais en sorte que ce moment où j’ai raté mon penalty en finale ne se reproduise plus jamais. On ne peut pas retourner dans le futur et changer les choses en revanche, on peut rendre le futur meilleur. C’est ce que j’ai immédiatement commencé à faire.
Après la défaite face au Japon, je me souviens avoir appelé mon coach et mentor, James Galanis, et il m’a dit: » Ecoute, ne laisse pas ceci définir qui tu es. Rentre chez toi, décompresse et on se remettra au travail. « . C’est donc ce que j’ai fait. Je suis rentrée, j’étais déçue, l’équipe était déçue mais je suis rentrée avec une faim encore plus grande. Je suis rentrée à la maison avec la volonté de me dépasser et de m’améliorer au début des entraînements pour les Jeux Olympiques de 2012. Mais il y a eu un retournement de situation: j’ai été mise sur le banc juste avant Londres.
Je n’étais pas seulement mise sur le banc, j’étais également dévastée, pensant que ma carrière allait se terminer. Ce moment-là était probablement le plus bas de ma carrière. Je me souviens être rentrée chez moi en larmes et d’être allée voir James. Il m’a dit: » Il n’y a rien qu’on puisse faire si ce n’est travailler encore plus dur au cas où on ait besoin de toi à Londres à n’importe quel moment. » Je me suis donc entraînée six heures par jour pendant deux semaines avant que je parte. J’ai travaillé la technique, la fitness et James m’a aidé à libérer mon esprit. J’ai bossé dur chaque jour pour être la joueuse la plus travailleuse à chaque séance d’entraînement et cela s’est révélé être la meilleure chose que j’ai jamais faite.
Lors du premier match des Jeux Olympiques, j’étais sur le banc. Tout d’un coup, mon monde a complètement changé. 16 minutes dans le match contre la France, on perdait 2-0, Shannon Box, l’une de nos milieux défensives s’est blessée. Ils m’ont appelée. Je n’ai pas eu une seconde pour m’échauffer. Je devais jouer à un poste où on m’a dit que je n’étais pas assez bonne pour évoluer. Je devais jouer milieu défensive et fluidifier le jeu. Ce n’est pas le même stule de jeu que lorsque l’on est milieu offensive. Je suis rentrée, on est revenues à 2-1, 2-2 puis j’ai marqué le but de la victoire avec le 3-2. On a finit par gagner le match 4-2.
De ce moment-là, je n’ai plus jamais quitté le terrain. Le match suivant, j’ai marqué un autre but contre la Colombie puis un doublé en finale des Jeux Olympiques pour battre le Japon 2-1, comme une sorte de revanche. En un clin d’œil, le monde entier peut se retourner. C’est toujours une question de rester prête et concentrée pour une opportunité à laquelle on ne pensait pas qu’elle puisse arriver. J’étais prête et j’ai saisi cette chance.
On a eu de la chance d’avoir beaucoup de succès depuis la médaille d’or en 2012. Championnes de la zone CONCACAF en 2014 et 2018 et deux victoires en Coupe du Monde en 2015 et l’été dernier. J’espère qu’après avoir enduré cette douleur face à Toronto la saison dernière, les Sixers sauront écrire un scénario similaire. Cette année en particulier est particulièrement excitante. Cette équipe à un starting five qui est sans aucun doute l’un des meilleurs de la ligue. Désormais c’est une question de l’obtenir, remporter des matchs et le faire tous ensemble. J’ai hâte de voir comment la saison va se dérouler. La saison est longue et c’est important de travailler dur chaque jour.
Je suis quelqu’un qui a commencé en étant au plus bas. Je n’étais pas ce talent qui allait sortir de l’université. Je n’allais pas être celle qui était annoncée comme la star. Personne n’avait prévu la carrière que j’allais mener. Personne n’aurait penser que j’aurai pu aller au haut niveau. J’espère avoir inspiré des gens pour comprendre qu’il faut travailler dur, être capable de tourner ses faiblesses en forces, qu’on doit se battre avec nous-mêmes et que l’on doit montrer la meilleure version de nous. Nous sommes tous et toutes capables de tracer le chemin de la vie qu’on souhaite. On doit juste faire en sorte d’aller le chercher.
Les gens voient toujours les moments de gloire,. Ils voient les moments où on est debout avec le trophée. Ils voient les buts et les récompenses mais ils ne voient pas ce que l’on fait lorsque personne nous regarde. Ce sont les moments dont on est le plus fier, c’est à dire se lever à six heures et s’entraîner avant de prendre l’avion, faire une double journée voir une triple, sacrifier tout ce que l’on sacrifie. C’est ce qui rend le succès si spécial. Et c’est ce qui fait que tout cela en vaut la peine.
Select photo credits: CBS News, Getty Images, Sports Illustrated
Ceci est une traduction de l’article que vous pouvez retrouver sur le site des Sixers à l’adresse suivante.