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Draft 2018

Mikal Bridges, le nouveau Robert Covington ?

Mikal Bridges, voilà un nom qui vous est sûrement familier. Annoncé comme un candidat sérieux pour être sélectionné par les Sixers en 10ème position de la Draft 2018, il suscite un certain engouement au sein de la fanbase de la franchise pennsylvanienne. Tout d’abord grâce à son titre NCAA avec Villanova, université de Philadelphie. Ensuite parce qu’il est considéré par beaucoup comme le joueur le plus complémentaire de cette draft pour les Sixers. Sa capacité à shooter à 3 points et son potentiel défensif n’ont fait que nourrir la comparaison avec Robert Covington, l’ailier titulaire des 76ers. Il s’agit ici de s’intéresser aux similitudes et aux différences entre ces deux joueurs.

Covington à l’université

Il convient d’abord de s’intéresser au joueur qu’était Robert Covington à la fac de Tennessee State. Il était considéré à l’époque comme un petit ailier-fort, parfait dans des configurations small-ball. Sa taille (2m06), son envergure (2m18) mais surtout sa force physique faisaient de lui un très bon défenseur, polyvalent, capable de défendre sur des postes 3 et 4. Il lui arrivait même de défendre sur certaines séquences sur des pivots.

Ses qualités défensives étaient déjà évidentes. Grâce à son envergure et à son instinct défensif, il était déjà un intercepteur d’élite, capable de contenir  des tentatives de drive et il avait un volume de contres assez important pour un joueur de cette taille.

Sur la séquence ci-dessous, il switch sur un joueur plus petit. Il n’arrive pas à empêcher le tir, mais sa mobilité dans le périmètre permettait déjà d’envisager qu’il pouvait être plus qu’un strech 4.

Il avait même certaines fulgurances en terme de vision du jeu. Son ratio passes/balles perdues était très important, mais on peut penser que le faible niveau de ses coéquipiers en était l’une des principales raisons.

Il montrait déjà à l’époque des limites qui sont encore aujourd’hui les siennes. Son mauvais handle pénalisait sa capacité à créer son propre tir.

Covington est aujourd’hui un joueur très similaire à celui qu’il était à la fac. Limité en tant que ball-handler et en terme de création de tir mais bon défenseur avec quelques fois des défaillances. Sa taille et sa qualité de shoot, sa capacité à contrer et intercepter faisaient de lui un joueur « sous-côté ». Il n’y a aucun ailier de cette draft 2018 qui dispose de la même combinaison taille/poids et de production statistique en interceptions/contres/rebonds capable de concurrencer son impact défensif. Pourtant, Covington n’a pas été drafté.

Mikal Bridges, un aussi bon défenseur que Robert Covington ? 

C’est principalement à travers l’aspect défensif que ces deux joueurs se distinguent. L’écart de niveau est assez conséquent, et est notamment lié aux capacités physiques des deux joueurs. Ce n’est pas tant par la taille qu’ils se distinguent mais plus par le poids. Covington est un joueur beaucoup plus costaud que Bridges et l’était déjà au même âge. C’est un facteur important à prendre en compte car cet avantage physique dont dispose Covington facilite les switchs et lui permet de défendre par séquences sur des joueurs plus costauds et même plus grands. En clair, son physique lui permet d’être un défenseur polyvalent.

Ci-dessous une vidéo montrant quelques séquences de défense de Mikal sur des intérieurs. Il n’est pas assez solide au niveau du bas du corps et est donc incapable de contenir un joueur plus grand et plus fort. Il n’est pas une force de dissuasion. Bien sûr, il dispose d’une envergure assez impressionnante qui compense certaines de ses lacunes défensives, mais on l’imagine difficilement contenir des extérieurs plus grands en NBA comme le fait actuellement Covington.

Comme mentionné plus haut, il dispose d’une envergure impressionnante, ce qui lui permet d’apporter une certaine protection de cercle. Cependant, il faut la relativiser, ses contres relèvent plus du playmaking que d’une réelle protection de cercle.

Bridges appréhende le contact. Il privilégie le passage en force (par excès d’engagement ?) plutôt que d’essayer de couper les tentatives de drive. Cela limite son efficacité en tant que soutien défensif. En théorie, son envergure est censée lui permettre de contester ces tirs mais ses limites en terme de force physique le pénalisent grandement et le rendent moins efficace dans ce rôle.

Mikal Bridges a la réputation de posséder une vitesse latérale conséquente lui permettant de contenir les drives de joueurs de différentes tailles.

Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’est pas un défenseur de périmètre imbattable. Il n’a pas cette vivacité dans ses mouvements latéraux, et comme vous pouvez le voir ci-dessous, il se fait souvent dépasser dès les premiers dribbles par des joueurs explosifs. Ce manque d’explosivité peut lui être préjudiciable en NBA et ses difficultés à défendre des joueurs plus grands près du cercle à cause de sa carrure limite son potentiel de 4 dans une configuration small-ball.

Sur cette séquence, Bridges se fait dépasser deux fois par Steve Vasturia et Matt Farrell, deux « non-NBA players ». Décrit par beaucoup comme étant un défenseur d’élite, Bridges ne pourra pas se permettre ce genre d’erreur en NBA. Et c’est sur ce genre de détails que se fait la différence entre les bons défenseurs et les défenseurs d’élite comme Robert Covington.

Là où se distingue Mikal Bridges, c’est sur son jeu défensif « off the ball ». C’est un défenseur intelligent et très concentré loin du ballon, ce qui lui permet de bien anticiper le jeu adverse et d’effectuer de bonnes rotations. Il profite également de son envergure en défense (1.9 interceptions/40min, 1.3 contres/40min) pour gêner son adversaire. Il a les mains très actives et parvient souvent à gêner le porteur de balle.

C’est là un point commun avec Covington, qui arrive lui aussi à gêner énormément son vis-à-vis avec ses mains vives.

Le jeu offensif, similitude entre ces deux joueurs

Bridges n’excelle pas dans l’art de la pénétration, tout comme Robert Covington. Et tous les deux existent offensivement principalement grâce au tir à 3 points. Mikal a montré tout au long de la saison 2017/2018 sa capacité à convertir un volume élevé de tirs à 3 points (43.5% en NCAA). Il est l’un des meilleurs shooters à 3 points de cette draft, son intelligence dans ses déplacements pour se démarquer, sa capacité à shooter en catch-and-shoot ou après un écran laisse envisager une complémentarité presque parfaite dans le jeu des Sixers. Autre similitude, ils sont mauvais en terme de création de tirs. A 22 ans, Bridges n’a pas montré une piste d’amélioration concrète dans ce domaine. Ce manque de création de tir peut limiter son impact en NBA, et le cloisonner à un rôle de 3-and-D.

Son jeu de passe est correct mais pas exceptionnel. Sur la séquence ci-dessous, Mikal n’a pas eu l’intelligence de faire la passe à Omari Spellman et force le lay-up.

S’il est capable de faire une extra passe dans le périmètre, il n’a pas montré un instinct et une lucidité incroyable, surtout dans les pénétrations et le Pick&Roll où il est particulièrement mauvais. S’il n’arrive pas à dépasser son joueur dès les premiers pas, il gère mal la situation, ce qui peut aboutir à une perte de balle.

Covington lui montre sur certaines séquences sa capacité à faire jouer ses coéquipiers notamment sur Pick&Roll.

Plus globalement c’est un manque de handle qui pénalise Mikal. Là où un Otto Porter est capable grâce à son handle de créer pour ses coéquipiers ou pour lui-même, Bridges semble plus se diriger dans un style à la Covington, c’est à dire relativement faible en terme de création. Son handle n’est pas assez développé, et si l’on ajoute à cela sa vision de jeu moyenne, on peut supposer que son impact offensif va être limité en dehors du tir à 3 points. Il a montré quelques fulgurances avec ses déplacements latéraux, mais son manque d’explosivité le pénalise en défense, il se fait souvent dépasser dès le premier dribble par des joueurs dont il devrait normalement avoir l’avantage. A cela s’ajoute son manque de carrure, qui l’empêche de contenir des joueurs plus costauds. Il est pourtant considéré comme l’un des joueurs les plus prompts à switcher.

Mikal Bridges reste un prospect très intéressant, et sa complémentarité avec les Sixers semble évidente, néanmoins il est encore loin du niveau de Robert Covington, principalement à cause de sa défense. Il reste une option sérieuse pour les Sixers s’il se retrouve encore disponible à la 10ème position. L’occasion pour Mikal d’évoluer directement aux côtés de…Robert Covington.

 

Annexes

Une grande partie de mon article est une traduction de ces deux articles de The Stepien écrit par Jackson Hoy.

  • La chaine Youtube de NBAEinstein (@GuillaumeBInfos), qui propose des vidéos très complètes d’analyses sur certains rookies. Ci-dessous le lien vers les vidéos publiées sur Mikal Bridges.
  1. Mikal Bridges – Penetrations
  2. Mikal Bridges – Passes
  3. Mikal Bridges – Defense
  4. Mikal Bridges – Jump-Shot

 

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