Après un Game 2 assez mal géré par des Sixers qui ont fini par payer cash l’absence de Joel Embiid, on attendait de voir ce que les hommes de Brett Brown pouvaient donner pour leur premier match en terre hostile.
Longtemps incertain, Joel Embiid s’était agacé à plusieurs reprises de ne pas avoir pu jouer le Game 2 en dépit de ses suppliques. Après le shootaround au matin du Game 3, Brett Brown laissait planer le doute en continuant d’indiquer que son protégé était listé comme « doubtful ». Quelques heures avant l’événement, l’annonce tombait enfin. Le Process allait enfin goûter aux playoffs et livrer le duel tant attendu avec Hassan Whiteside.
Dans le premier quart-temps, le Heat prend le meilleur départ grâce à une belle adresse à longue distance mais on sent les hommes d’Erik Spoelstra sur un fil tant ils n’arrivent pas à scorer près du cercle, dont la route est barrée très efficacement par un Joel Embiid déjà omniprésent.
On pensait que l’adresse du Heat allait retomber mais il n’en fut rien. Une telle adresse aurait pu facilement assurer la victoire aux floridiens si les shooteurs des Sixers n’avaient pas répondu présents et retrouvé leur adresse perdue lors du Game 2. 18 banderilles à 16 à la fin du match à plus de 50% de réussite pour les deux formations, adresse qui fut évidemment un des facteurs qui firent que ce match fut aussi plaisant à suivre.
L’autre facteur principal fut l’intensité. Tout au long de la rencontre on aura eu droit à des accrochages en pagaille, Wade qui expédie Anderson dans les photographes, Winslow qui écrase le masque d’Embiid et le contre violemment, fait auquel le Process répond de manière identique et encore plus violemment.En bref, des coups bas, du trashtalking et des contres spectaculaires.
Côté trashtalking « utile », Embiid s’est amusé à faire danser Whiteside et à le renvoyer sur le banc sitôt qu’il en revenait Pour autant, comme cela était prévisible, le Heat a montré un bien meilleur visage avec Olynyk sur le terrain. L’intensité fut telle qu’au milieu du 3e quart-temps le cinq majeur entier du Heat se retrouva en foul trouble. Pour couronner le tout, 6 fautes techniques ont été distribuées par les arbitres, dans le but évident de garder la main sur un match bouillant.
Après un premier quart-temps conclu 37-33 en faveur des Sixers malgré un Winslow ayant activé le Jordan mode, sans que l’adresse ne s’écroule, les deux équipes se mirent à marteler le cercle dans ce qui ressemblait limite à une bataille d’egos, avec une pluie de fautes à la clé. A l’issue de ce deuxième quart-temps également marqué par un joli mano a mano entre Belinelli et le duo Dragic-Winslow, le Heat basculait en tête d’un petit point. Rien n’était joué mais l’on sentait que le Heat aurait du mal à tenir le rythme sur un match aussi offensif, sachant que bon nombre de ses joueurs majeurs étaient déjà menacés par les fautes.
La première mi-temps fut aussi marquée par la maladresse de Joel Embiid, qui bien que très agressif (déjà à 10 lancers à la pause) et énorme défensivement, avait du mal à régler la mire sur son jump-shot.
Au retour des vestiaires, Goran Dragic fait preuve d’un superbe sang-froid pour donner les commandes aux siens avec une bonne gestion du rythme et deux and one. Le match continue d’être extrêmement agréable à suivre malgré les fautes qui pleuvent, notamment grâce à une adresse qui ne faiblit pas et à une tension qui caractérise les grands matchs de playoffs. Ça se rend coup pour coup, ça se rentre dedans et on en redemande.
Markelle Fultz à côté de la plaque lors du premier acte et Ben Simmons commençant à avoir le souffle court, Brett Brown décida alors de refaire confiance à TJ McConnell, avec une belle réussite puisque le meneur de poche apporta des points très précieux en fin de quart-temps et une belle application en défense. Dans un même temps, Erik Spoelstra tremble un peu en ne faisant pas confiance à Goran Dragic dans la gestion de ses fautes et l’attaque du Heat s’écroule. Même si elle parvient encore à scorer, on sent clairement le Heat sur la corde raide et l’on en est presque à se demander quand est-ce qu’ils vont craquer. La sérénité dégagée par les hommes de Brett Brown est telle qu’on commence à penser que pour peu que Philadelphie hausse le ton en défense, les floridiens ne pourront pas répondre et l’affaire pourrait être pliée assez rapidement.
Emmenés par un Dario Saric étincelant tout au long de la partie, les Sixers passent devant à 96-94 avant le début du dernier round.
Ce dernier round fut celui du KO. Un lockdown en règle.
Emmenés par un Dieu Embiid bouillant des deux côtés du parquet, les Sixers, qui continuent de scorer avec la même régularité que celle affichée depuis le début du match, font littéralement exploser l’attaque de Miami, qui n’inscrit que 14 points. L’écart gonfle rapidement et Robert Covington fait boire le calice jusqu’à la lie à ses hôtes. Game over pour le Heat qui rend l’avantage du terrain obtenu lors du Game 2.
Le retour de Joel Embiid a donné des ailes aux Sixers et leur a donné une sérénité encore jamais vue dans la série. Pour terminer sur le résumé de ce match, on a vu du très très beau basket avec de beaux systèmes de chaque côté, des ajustements pertinents, le tout joué avec une très forte intensité et avec un public au rendez vous. En bref, on aura eu droit hier soir au plus beau match de ce début de playoffs et d’assez loin.
Je n’ai pas encore parlé d’Hassan Whiteside, à dessein. Je vais donc en terminer avec son cas (et le terminer vous l’aurez deviné).
Certains pensaient que ce retour allait relancer Hassan Whiteside, il n’en fut rien, bien au contraire, le pivot désespérant Erik Spoelstra au point de ne pas dépasser le quart d’heure de jeu et de se voir benché dans le dernier quart-temps. On aurait pu s’attendre à une révolte, à un sursaut d’orgueil, mais il n’y eut rien de tout cela. Non, le pivot fut tout simplement pitoyable de la première la dernière minute qu’il a passé sur le parquet.
Pitoyable est le mot qui convient le mieux pour qualifier sa prestation, entre fautes débiles au possible et absence totale de concentration et d’envie. Quand Embiid n’était pas sur le terrain il se faisait balader dans tous les sens et se faisait quasi systématiquement punir. Quand le Process était face à lui, il devenait complètement obnubilé par l’idée de stopper le camerounais qui l’a fait danser comme jamais, lui faisant prendre l’intégralité de ses fautes l’a même fait tomber sur un pump-fake anodin. Cette chute était ridicule car particulièrement évitable.. si Whiteside avait eu un tant soit peu de concentration. Cette chute est à l’image de sa série: pathétique. L’on ne serait pas étonné que Pat Riley tente de s’en séparer cet été tant de telles prestations sont indignes non seulement d’un titulaire mais d’un joueur faisant partie de la rotation d’une équipe qui joue les playoffs.
Un tel désaveu couplé à l’humiliation publique subie des mains de Joel Embiid, voilà qui doit commencer à peser très très lourd sur les fragiles nerfs du big men. Il se peut que le prochain match soit sa dernière chance de briller sous le maillot du Heat.
Pour ce qui est des réactions d’orgueil, on en attendait très clairement une côté Philadelphie après la bavure du Game 2 et elle fut magnifique: patience, sang froid, défense de fer dans le dernier round, solidarité et superbe exécution tout au long du match pour vaincre à bout de floridiens qui se sont battus jusqu’au bout, bref, les Sixers ont relevé le gant et remporté leur duel avec la manière.
La balle est dans le camp du Heat maintenant pour ce qui s’annonce quasiment comme un win or go home pour les sbires de Don Riley. De notre côté on va pousser très fort derrière notre équipe pour peut-être mener 3-1 dans la série et jouer la qualification à la maison pour.. le premier match de playoffs de Dieu Embiid au Wells Fargo Center. Vous avez aimé l’ambiance des deux premiers matchs ? Croyez-moi, vous n’avez encore rien vu. Rien du tout.
Allez, Trust The Process. Bons matchs à tous.