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Trade deadline 2018 : Quels enjeux pour les Philadelphia 76ers ?

Sous l’ère hinkienne, les Philadelphia 76ers étaient des acteurs majeurs de la trade deadline. L’avancement du processus de reconstruction et la prise de pouvoir de Bryan Colangelo n’ont pas totalement annihilé les velléités de la franchise. L’an passé, le bureau exécutif pennsylvanien s’était montré actif en procédant à deux transactions : les échanges d’Ersan Ilysaova et  de Nerlens Noel. Aujourd’hui encore, les 76ers sont en capacité d’agiter le marché.

Huitièmes à l’Est, disposant d’une cohorte de choix de draft et soucieux de jouir d’une large marge de manœuvre salariale à l’ouverture de la prochaine free agency, les 76ers sont à la croisée des chemins. Néanmoins, les décisions qui seront prises lors de cette trade deadline pourrait déterminer quel sera le potentiel maximum de cette équipe. Ainsi, le spectre des options disponibles pour Bryan Colangelo est particulièrement large. Ce dernier peut chercher à renforcer une équipe à qui une première accession en post-season depuis la saison 2011-2012 tend les bras, préparer la free agency 2018 voire réaliser les deux objectifs simultanément.

Préparer l’été 2018

Avec potentiellement deux choix du premier tour lors de la draft 2018 ( le choix des Los Angeles Lakers, 9ème, et le leur, 15ème), les Philadelphia 76ers disposeraient de 26 millions de dollars de cap space cet été (sans compter les cap holds des UFA). Conséquent, ce montant ne serait pas suffisant pour proposer un contrat max (30%), sans compter que la blessure de DeMarcus Cousins renforce les chances de Joel Embiid d’être désigné au sein de la first All-NBA Team. Or si le camerounais venait à recevoir une telle distinction, il serait éligible au contrat « super max » et hériterait de 30% du salary cap, soit une augmentation de ses émoluments de plus de 5 millions de dollars (30.3 millions contre 25.2 millions de dollars) soit autant de marge de manœuvre en moins pour la franchise.

L’option la plus évidente afin de dégager davantage de cap space est de se séparer du contrat de Jerryd Bayless. En vertu du contrat paraphé à l’été 2016, le combo guard percevra quelque 8,6 millions de dollars en 2018-2019. L’histoire récente tend à mettre en exergue qu’il n’est pas nécessaire de mobiliser un choix du premier tour afin de se délester d’un tel contrat. D’autant plus que la franchise conserve la possibilité d’utiliser la stretch provision et d’étaler ses émoluments sur trois années. Alors le contrat de Bayless ne pèserait plus que pour 5,7 millions de dollars dans la masse salariale des 76ers. En optant pour une telle solution, les 76ers s’exposeraient davantage aux fourches caudines de la luxury tax lors des années à venir. Pis encore, les 76ers pourraient céder un asset (choix du premier tour, multiples choix du second tour, jeune joueur, etc…) afin de dégager une masse salariale qu’ils ne sont pas certains s’être en capacité d’utiliser l’été prochain. Se séparer d’assets afin de s’offrir de la marge de manœuvre salariale sans attendre de connaître les joueurs disposés à rejoindre la franchise est précisément la tactique adoptée par Vlade Divac lors du salary dump trade de Carl Landry, Jason Thompson et Nik Stauskas.

Les 76ers ne sont donc pas contraints de se délester du contrat de Bayless dès ce jeudi. Ils peuvent évaluer les offres et si aucune ne semble correspondre à leurs attentes, reporter l’éventuelle cession du combo guard à cet été. Néanmoins, il n’est pas sans intérêt d’anticiper et de se montrer proactif lors de cette trade deadline. Les franchises qui disposeront de cap space cet été ne seront pas légion, et à l’instar des Philadelphia 76ers sous l’égide de Sam Hinkie, elles sauront maximiser cet avantage à la table des négociations. A cet égard, un salary dump trade de Bayless pourrait s’avérer moins onéreux ce jeudi que cet été, eu égard à la possible raréfaction des équipes enclines à absorber des contrats en échange d’assets et de l’urgence à agir des Philadelphia 76ers.

Reste à déterminer ce qu’il conviendrait de céder pour s’offrir davantage de marge de manœuvre financière à l’ouverture de la prochaine free agency. Outre, le choix du premier tour des Lakers/Kings, les 76ers disposent de l’intégralité de leurs sélections dans le premier tour et de six choix du second tour supplémentaires lors des trois prochaines drafts. Bryan Colangelo peut également mobiliser certains de ses jeunes joueurs : Timothé Luwawu, Furkan Korkmaz, Justin Anderson, Richaun Holmes voire Anzejs Pasecniks.

 Premier tourSecond tour
2020- Choix des 76ers (1-14)
- Choix du Thunder (21-30)
- Choix des 76ers
- Choix des Hawks (31-55) ou des Celtics (56-60)
- Choix des Knicks
- Choix des Mavs
2021- Choix des 76ers- Choix le moins favorable entre celui des 76ers et celui des Rockets
- Choix des Knicks
- Choix des Nuggets
2022- Choix des 76ers- Choix des Raptors
- Choix du Thunder (si les 76ers n'ont pas récupéré le choix du premier tour du Thunder en 2020)
2023- Choix des 76ers- Choix des 76ers
- Choix le plus favorable entre ceux des Hawks, des Hornets et des Nets
Choix du Thunder (si les 76ers n'ont pas récupéré le choix du premier tour du Thunder en 2020)
2024- Choix des 76ers- Choix des 76ers
- Choix du Heat
2025- Choix des 76ers- Choix des 76ers

Renforcer l’équipe pour cette fin de saison

Ces assets pourraient être mobilisés afin d’élargir le champ d’un salary dump trade de Bayless et ainsi contribuer à renforcer l’équipe pour les 31 matchs de saison régulière qu’il reste à disputer. A cet égard, les pistes menant à Tyreke Evans et Marco Belinelli sont de plus en plus insistantes. Evoluant loin des accessits pour les playoffs, les Grizzlies et les Hawks pourraient accepter d’absorber le contrat de Jerryd Bayless pour peu que son intégration à l’échange contribue à améliorer les assets qu’ils recevront pour leurs joueurs.

 

  • Le cas Tyreke Evans 

Tyreke Evans joue son meilleur basketball cette saison au sein d’une équipe de Memphis qui occupe les bas-fonds du classement. Le natif de Chester affiche une probante ligne de statistiques de 19,5 points, 5 rebonds, 5 passes, tout en maintenant ses pertes de balle à un niveau raisonnable et en affichant le meilleur TS% (56,3%) de sa carrière. Mieux, 46% de ses possessions sur demi-terrain résultent d’un pick and roll où il se montre particulièrement efficace. Un secteur où les déboires de Markelle Fultz ont rendu les 76ers remarquablement défaillants. En l’espèce, Tyreke Evans viendrait occuper un rôle que personne n’est capable de remplir et contribuerait à compenser une des principales faiblesses de cet effectif : l’absence de joueur capable de se créer son propre tir au sein de la seconde unit. Cette saison, seuls 30% des points inscrits par Tyreke Evans l’ont été à la suite d’une passe décisive. Ce qui le place dans le 98ème percentile.

Au-delà de la contrepartie à sacrifier, le risque d’un échange pour Tyreke Evans réside dans la volatilité de son efficience à trois points. S’il se montre si efficace cette saison et qu’il pourrait tenir le rôle initialement pensé pour Markelle Fultz, du joueur capable de scorer aux trois niveaux, c’est en raison de son probant pourcentage à trois points. Or durant le mois de janvier, il a shooté à 29%, un taux de réussite plus en rapport avec ses standards en carrière que les 41% qu’il affichait lors des trois mois précédents.

S’il venait à maintenir son niveau de jeu du début de saison, le ROY 2010, pourrait rapporter une, deux, trois victoires supplémentaires aux coéquipiers de Ben Simmons lors des 31 rencontres qu’il reste à disputer. En l’occurrence, c’est le nombre de succès qui différenciera les équipes qui disputeront la post-season et celles qui seront en vacances dès le mois d’avril. A cet égard, les quelques victoires supplémentaires que pourraient rapporter un Tyreke Evans influenceraient largement le bilan qui sera formulé par les médias de la saison des 76ers. Ce à quoi, un Bryan Colangelo sera sans nul double sensible.

Pour autant, la capacité d’une recrue à changer les perspectives immédiates de la franchise sont à nuancer. Avec Joel Embiid sur le parquet, les ouailles de Brett Brown affichent un bilan de 24 victoires pour 17 défaites, soit 58,5% de victoires. Autrement dit, quand Joel Embiid est disponible, les 76ers sont la troisième meilleure équipe à l’Est. Sans lui, les 76ers affichent un bilan de 2 victoires pour 8 revers, soit le plus mauvais bilan de la Ligue, bien loin derrière les Mavericks, les Kings et les Hawks…

Les données du problème n’ont guère évolué depuis le tip-off de la saison. Avec le camerounais, les 76ers sont une équipe redoutable. Sans lui, ils demeurent une équipe, largement inexpérimentée, sans illusion aucune de compétitivité. L’apport éventuel d’un Tyreke Evans est à apprécier dans ce contexte.

 

  • Quel impact à long terme ?

Céder un asset aussi valorisé au sein de la Ligue qu’un choix du premier pour la location d’un joueur pour une trentaine de rencontres produit peu de sens pour une équipe qui n’est pas un authentique candidat au titre. En dépit de la cohorte de picks à leur disposition, les Philadelphia 76ers ne font pas exception. Pour autant, une telle entreprise pourrait s’avérer vertueuse à plus long terme pour peu qu’on puisse répondre par l’affirmative aux deux questions suivantes.

Est-ce que la présence de Tyreke Evans contribuera à renforcer significativement les chances des Philadelphia 76ers de remporter un ou deux tours de playoffs ?

Est-ce que la participation des 76ers aux séries du mois de mai renforcera leur attractivité sur le marché des agents libres cet été ?

La position actuelle des 76ers, huitièmes à l’Est avec le même bilan que les Detroit Pistons ne donnent pas à lire correctement les chances de la franchise d’accéder à la post-season. Non seulement, Joel Embiid est désormais habilité à disputer les back-to-back mais les hommes de Brett Brown disposeront d’un calendrier bien plus favorable en cette fin de saison. Dès lors, les projections de 538 donnent aux 76ers, 88% de chances de disputer les PO. L’outil de Basketball Reference étant plus optimiste (89,9%).

Le recrutement d’un renfort ne pourrait alors influer sur les destinées de la franchise qu’à condition de magnifier sensiblement leurs résultats en playoffs afin d’accroître leur attractivité sur le marché. Mais là encore, le contexte ne plaide pas en faveur d’une telle issue.

Dans un contexte où toutes les franchises disposeraient des mêmes liquidités disponibles, la présence en PO et la compétitivité affichée seraient des arguments massues. Mais, cet été, les 76ers seront une des rares équipes disposant de cap space et de légitimes ambitions.

Est-ce que Tyreke Evans est un joueur que la franchise escompterait conserver au-delà de son contrat expirant ?

Le combo guard a signé un contrat d’un an pour 3,3 millions de dollars l’été dernier. Dès lors, son cap hold et le maximum que vous pouvez lui offrir en utilisant les non-bird rights sont identiques ; 120% des 3,3 millions de dollars, soit 3,95 millions. Autrement dit, pour signer Tyreke Evans cet été, il conviendra d’utiliser du cap space.

 

Renforcer l’équipe pour cette fin de saison tout en préparant l’avenir

Le plus intéressant pour les Philadelphia 76ers serait de disposer dès à présent d’une cible précise pour l’été et d’anticiper sur la free agency en agissant dès ce jeudi. Depuis la draft de Ben Simmons, le profil du complément idoine à l’australien est connu : un arrière redoutable défenseur et qui peut rentrer des tirs ouverts à longue distance. A cet égard, Avery Bradley, Kentavious Caldwell-Pope, Danny Green, sans compter Paul George, sont des patronymes qui circulent avec insistance autour de la franchise pennsylvanienne depuis que l’australien a serré la main d’Adam Silver en ouverture de la draft 2016.

En anticipant une signature de l’un de ces agents libres, les Philadelphia 76ers s’offriraient la possibilité d’évoluer au-dessus du salary cap cette intersaison et donc de resigner J.J Redick. Si le vétéran issu de Duke est un des liants majeurs de l’effectif actuel, une telle entreprise semble hasardeuse.

Les mouvements qu’entreprendront les 76ers lors des dix prochaines heures éclaireront la manière dont le bureau exécutif pennsylvanien valorise les succès immédiats par rapport à la flexibilité à plus longue échéance. Des joueurs de l’acabit de Tyreke Evans ou de Marco Belinelli combleront des manques manifestes pour cette fin de saison mais pour seulement 31 rencontres au prix du sacrifice de futurs assets.

L’exceptionnelle collection de choix de draft accumulée par Sam Hinkie lors de son mandat pourrait bien une nouvelle fois permettre à Bryan Colangelo de jouer sur les deux tableaux.

Seul face à la lumière blafarde de mon League Pass, j'ai décidé une nuit de créer un site pour rassembler les fans des Philadelphia Sixers. Si vous lisez cette bio, c'est déjà une victoire.

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