L’une des principales interrogations auxquelles les 76ers furent confrontés avant le début de saison était de savoir comment leurs adversaires allaient défendre sur Ben Simmons. Défendre décemment face à un gestionnaire de 2,08m constitue un casse-tête permanent qui nécessite une attention constante.
Pour cela, comme Brett Brown le présageait avant le début de saison, la plupart des franchises adverses ont décidé d’octroyer cette tâche à leurs ailiers les plus grands et rapides. Et bien que cela semble être une solution cohérente, le problème n’est résolu qu’en partie.
Le vrai défi proposé ici aux adversaires réside dans une sorte d’effet domino, apporté par le match-up avec Ben Simmons. En effet, les équipes capables d’atténuer le problème Simmons se retrouvent souvent en désavantage dans un autre match-up.
Prenons, par exemple, quelques unes des huit premières rencontres de la saison des 76ers. Avec la plupart des ailiers chargés de défendre sur Simmons, de moins mobiles ailiers forts ont eux été affectés à Robert Covington. Sur les trois derniers matchs (la rencontre face aux Pacers n’étant pas incluse), l’adversaire principal de Covington est passé de Harrison Barnes à Dirk Nowitzki, de Trevor Ariza à Ryan Anderson et de Taurean Prince à Mike Muscala.
La capacité de Covington à prendre le dessus sur ses vis-à-vis constitue un facteur clé pour le succès des 76ers cette saison. S’il ne peut dominer un ailier fort peu mobile, il n’y aura de réel effet face au nouveau match-up imposé à Simmons. Voyons comment Covington peut exploiter ce mismatch et dans quelle mesure il a été capable de la faire jusqu’à présent.
Drives & Closeouts
Le moyen le plus simple de profiter d’un avantage de mobilité sur son adversaire est de capitaliser sur une activité et des mouvements constants, avec ou sans la balle. Mais cela amène à une déficience du jeu de Covington, sa capacité de finition. Bien qu’il soit plutôt rapide, il dispose d’une relative incapacité à driver. Il a souvent eu des difficultés dans ce domaine durant sa carrière, avec de faibles améliorations observées chaque année.
Covington dispose d’une mécanique peu fiable qui perturbe son toucher de balle près du cercle. Il a souvent tendance à s’élever avec la balle déjà portée haute, altérant le contrôle qu’il a de la balle ainsi que son toucher.
Comparons la gestuelle de Covington à celle, excellente, de Markelle Fultz.
Lorsqu’il coupe au panier, les mêmes difficultés surgissent chez Covington. Même lorsqu’il parvient à prendre l’avantage sur son vis-à-vis, il est souvent incapable de trouver de l’espace pour finir au cercle ou bien obtenir la faute, les mêmes problèmes de gestuelle émergent ensuite.
En conséquence, Covington a terminé dans le 19ème et le 28ème percentile dans la catégorie statistique du pourcentage de réussite au cercle, respectivement lors des deux dernières saisons, selon Ben Falk et le site Cleaning the Glass.
L’espoir est cependant permis. Des match-ups plus lents pourront à l’avenir aider à améliorer les pourcentages de Covington et sa gestuelle est parfois apparue plus fluide. Seulement, cela ne permet pas de pouvoir capitaliser exclusivement sur un mismatch, ou considérer une pénétration de Covington comme une action à utiliser dans les schémas offensifs.
Donc, si Covington ne peut prendre l’avantage sur un adversaire direct moins mobile grâce à son dribble, par quel moyen peut-il bonifier ces match-ups particuliers ? Tout comme la quasi-entièreté de son jeu offensif, cela tourne autour de son tir.
Un intérieur distrait et non familiarisé à la défense dans le périmètre défend souvent son match-up avec la main baissée. Pour un shooteur de la trempe de Covington c’est exactement ce dont il a besoin.
Covington peut aussi utiliser son tir en transition, les intérieurs retournant souvent immédiatement dans leur raquette lors d’une phase de transition adverse, permettant ainsi à Covington de disposer de plus d’espace. Voyons ici à quel point Ryan Anderson recule pour couvrir T.J McConnell et Clint Capela rejoint la ligne des lancers avant de considérer une défense sur Covington.
Mais la vraie réponse apportée par Covington se situe au niveau de son pull-up jumper. Un intérieur aura souvent tendance à rapidement rejoindre Covington pour l’empêcher de tirer derrière l’arc, d’où la création d’un espace libre après la ligne à 3 points. Malgré le fait qu’un tir mi-distance pris près de la ligne à 3 points soit généralement peu appréciable, pour un joueur ayant une efficacité au tir de 43% sur ses drives avec en plus de cela un nombre non-négligeable de pertes de balles, disposer d’un tir mi-distance très ouvert peut être une bien meilleure alternative.
Conclusion
Compte tenu de son touché de balle, de sa fluidité et de son habileté à attaquer le cercle, le meilleur moyen à sa disposition pour prendre l’avantage sur les ailiers forts plus lents qu’il est amené à affronter est d’utiliser son arme la plus fiable, son jump-shot. Un déclenchement rapide de son tir, des pick & roll ainsi que des tirs à 3 points pris en transition annihileront en partie la zone d’action des défenseurs. Mais le plus grand bénéfice à tirer pourrait provenir de son pull-up jumper. Remplacer un grand nombre de ses pénétrations par la recherche de tir à mi-distance ouverts serait un moyen efficace de triompher des intérieurs moins mobiles et ainsi de tirer profit des changements de match-ups, crées par la qualité offensive de Simmons.
Traduction de l’article de Mike O’Connor de ‘The Athletic’ : Robert Covington and the Ben Simmons mismatch