Malgré un petit échantillon de quatre rencontres, dans lesquelles Markelle Fultz n’a tenté aucun tir au-delà de 15 pieds (4,57 mètres), plusieurs enseignements ont pu être tirés. Être contraint de se trouver dans une situation où il ne peut s’essayer à l’exercice du jump-shot a pu en quelque sorte être une expérience intéressante pour Fultz, dont les jump-shots constituaient 74,5% de ses tirs tentés à l’université.
Et malgré le fait que ce qui nous a été donné de voir de Fultz est très peu comparable à ce qu’il est attendu du rookie, intéressons nous à ce que nous avons constaté au-delà de son jump-shot.
Mouvements sans ballon
En considérant son habilité à prendre des tirs en spot-up, le principal défi de Fultz était de trouver différents moyens de prendre l’avantage sur son défenseur direct. Pour cela, Fultz coupait au panier la plupart du temps. La faculté de Fultz à couper au panier fut rarement mentionnée avant sa draft. Il a seulement coupé au panier 28 fois à Washington, statistique qui s’explique par le fait qu’il était le gestionnaire principal et par le faible spacing des Huskies.
L’accroissement du spacing et le manque d’alternatives a probablement révélé cet aspect du jeu de Fultz chez les 76ers, mais il existe un réel potentiel chez lui dans cette nouvelle faculté, qui apparaissait instinctive durant ses premiers rencontres NBA. Ici, Kyrie Irving laisse Fultz libre pour venir défendre sur Ben Simmons, tandis que Fultz vient couper juste après.
Un aspect intéressant ici est qu’à chaque fois que le vis-à-vis de Fultz va apporter l’aide défensive dans la raquette, cela mène automatiquement à un déplacement. Cela constitue un important facteur lorsqu’il s’agit d’altérer une défense, comme le montre Fultz ici en disloquant la défense des Raptors, malgré qu’il aurait probablement du transmettre la balle à un coéquipier ouvert.
Que ce soit sur « dribble handoffs » (lorsque celui qui effectue l’écran dribble en direction d’un autre joueur, avant de transmettre la balle à ce-dernier) ou sur un déplacement pendant un drive, Fultz a montré une grande habilité pour faire en sorte que son défenseur le perde de vue.
L’échantillon est faible et les circonstances furent particulières pour Fultz, mais le succès de ces mouvements est toujours déterminé par l’instinct. Fultz a montré qu’il dispose de ce dernier et son développement est de bon augure pour la complémentarité qu’il convient d’installer avec Ben Simmons et Joel Embiid.
Défense
Concernant Fultz, l’aspect défensif constitue un point intéressant. Il est facile de classer un joueur selon ses capacités défensives sous l’égide d’une dualité « bon-mauvais ». Dans le processus pré-draft d’évaluation des prospects, Fultz était plutôt classé dans la catégorie « mauvais » sur ce point. Bien évidemment, cela n’est pas aussi simple que ça. Une telle analyse ne tient pas compte de l’étendue et des spécificités de ses faiblesses, et à quel point elles peuvent être améliorées.
Durant toute sa carrière, Fultz a été un joueur disposant d’un grand QI défensif et de caractéristiques physiques louables, des qualités qui ont pu parfois être dévalorisées à cause d’une certaine nonchalance ou une certaine instabilité dans l’engagement porté à la tâche défensive. Seulement, là où Fultz nécessite de s’améliorer c’est dans un domaine fondamental, son footwork défensif.
Sa nature désinvolte lui a causé beaucoup de problème lorsqu’il s’agissait d’attaquer les closeouts à l’université. Généralement, il ne parvenait pas à bien disposer ses pieds, offrant l’opportunité à son adversaire direct d’attaquer le cercle.
Les bonnes attaques de closeouts de Fultz surviennent lorsqu’il dispose ses pieds de manière à contrer rapidement les changements de direction de son adversaire direct. Implanter plus d’activité lorsqu’il attaque les closeouts constitue un ajustement nécessaire afin d’améliorer la qualité de ces-dernières.
Mais, ses difficultés sur closeouts persistent. Il a notamment commis plusieurs fois des fautes sur son vis-à-vis situé derrière l’arc et à souvent tendance, lorsqu’il attaque le closeout, à être un peu en retard.
Au delà de ces quelques amélioration nécessaires sur closeouts, Fultz a surtout tenu à s’adapter à la défense de la grande ligue durant ses quatre premiers matchs. Il dispose d’un grand potentiel lorsqu’il s’agit de défendre sur pick & roll, même s’il a parfois du mal à les percevoir. Il a parfois su effectuer de bonnes rotations défensives, tout en disposant des attributs nécessaires pour effectuer interceptions et autres contres.
Mécanique de tir
Alors que l’imbroglio concernant la blessure à l’épaule droite de Fultz n’a pas réellement été élucidé, les 76ers ont enfin décidé il y a quelques jours de se passer de ses services jusqu’à que son épaule et son tir reviennent à la normale. Voilà ici le meilleur moyen pour Fultz de retrouver les qualités au tir que sont les siennes, mais dans quelle mesure pourrons nous retrouver le Markelle Fultz de Washington ?
Il y a plusieurs signes positifs. Premièrement, il semble congru de penser que sa blessure à l’épaule est la principale cause de son changement de mécanique de tir. Sur cette image, on peut voir que sa main gauche est très impliquée lorsqu’il déclenche son tir.
Ce phénomène n’a jamais été observé auparavant chez Fultz et n’a surement jamais été utilisé par quelconque entraîneur depuis les années 60. C’est un effort, conscient ou inconscient, destiné à soulager son épaule droite.
Deuxièmement, Fultz est un si bon shooteur et scoreur qu’il ne peut poursuivre sa carrière avec un tir inexistant. Une des seules interrogations concernant le tir de Fultz la saison dernière résidait dans les changements occasionnels de la hauteur à laquelle il relâchait la balle. D’un côté, c’est une pratique qui doit cesser. Mais d’un autre côté, on peut voir dans cet aspect une grande habilité athlétique à se créer son propre tir.
Fultz est un athlète particulièrement fluide et l’on peut aisément imaginer que cela se manifestera tôt ou tard en NBA. Il a déjà été capable par le passé d’effectuer rapidement les rectifications nécessaires concernant son tir.
Troisièmement, le contexte historique. Ci-dessous, un tableau comparant les pourcentages aux tirs primés à l’université et ceux en NBA de tous les joueurs sélectionnés dans le top 10, de la draft 2010 à celle de 2014, ayant tenté au moins deux tirs longue distance par match en NBA.
Le différentiel médian entre l’université et la NBA est de -2%. Pour Fultz, dont l’efficacité derrière l’arc chez les Huskies est de 41,3%, devenir par la suite un piètre shooteur en terme de pourcentages serait sans précédents.
Dans l’ensemble, il paraît très probable que Fultz retrouvera son tir. Si l’on ajoute à cela quelques nouvelles facultés dans le jeu de Fultz, qui se développeront naturellement, Philadelphie pourrait rapidement retrouver l’euphorie qu’il avait déclenché lors de son workout à Camden quelques jours avant sa draft.
Traduction de l’article de Mike O’Connor de ‘The Athletic’ : Takeaways from Markelle Fultz’s four games