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Les 76ers et la tentation Bradley Beal: Le jeu en vaut-il la chandelle ?

Dans un précédent article, je vous exposais ce fait que la situation de Markelle Fultz est précaire mais qu’il n’est pas en danger de transfert.. du moins tant qu’une opportunité ne se présente pas.

En l’état, le roster des 76ers apparaît comme un sérieux prétendant aux Finales NBA, à la condition évidente que l’intégration de Butler soit une réussite.

Toutefois, même en partant du postulat ultra optimiste que les 76ers iront forcément en Finales NBA, accéder à ces dernières n’est pas une fin en soi. Sortir de l’Est, c’est bien. Se faire allumer par les Warriors derrière, ça l’est moins.

La fanbase de Philadelphie est actuellement assez partagée en ce qui concerne la construction d’équipe. Pour ma part je fais partie de ceux qui pensent qu’une dernière grosse pièce est nécessaire pour augmenter une dernière fois le plafond de l’équipe avant que la fenêtre d’amélioration dont dispose Elton Brand et son équipe ne se referme.

Une telle analyse comporte néanmoins un certain nombre de risques, qui seront exposés plus bas.

La question est donc la suivante: qui peut faire des 76ers de véritables candidats à la succession des Warriors ?

Quand on liste les candidats: un seul nom convainc vraiment: Bradley Beal.

Avant de se plonger dans cette réflexion, il faut d’abord faire l’inventaire de ce que peuvent offrir Elton Brand et son équipe

Les assets des 76ers

Bon. Inutile de tourner autour du pot: ni Ben Simmons ni Joel Embiid ne seront inclus dans un échange. Jimmy Butler non plus. A la marge, on précisera que Justin Patton ne peut pas être inclus dans un échange autrement que seul.

Pour conclure un gros transfert, il faut trois choses: des contrats expirants, des joueurs intéressants, des jeunes joueurs et des tours de draft pas trop mal placés.

Du côté de la banque, les 76ers disposent en l’état d’environ 20M de dollars expirants en les personnes de Wilson Chandler, Mike Muscala et Amir Johnson. Alléchant donc, d’autant plus que les deux premiers cités sont des joueurs de rotation relativement intéressants et des vétérans respectés.

Un autre vétéran de ce type possède un contrat expirant dans l’effectif. Cet homme, c’est JJ Redick. Vital pour le spacing de l’équipe, sa valeur d’échange est considérable si le partenaire de trade est une équipe qui veut rester compétitive malgré le départ de la star objet du deal. Précisons toutefois qu’il ne pourra pas être échangé avant le 15 décembre.

Toutefois, vu le fait que l’équipe possède aussi son disciple padawan, on peut penser que si la perte de Redick serait lourde de conséquences, elle serait quand même un peu atténuée par la draft de Landry Shamet.

Shamet, justement, fait partie du sympathique boys band qu’est le groupe de très jeunes joueurs de Philadelphie. Avec lui, on compte Furkan Korkmaz, Zhaire Smith, Jonah Bolden et surtout Markelle Fultz. Nous avons donc un 3 sans D, un D sans 3, un intérieur polyvalent et l’ex futur Brandon Roy. Tous sont encore dans leur contrat rookie dont un seul en contract year. Que des assets intéressants donc, malgré les ombres qui s’amassent autour du N°1 de la draft 2017.

Pour finir, côté tours de draft, les 76ers sont particulièrement bien fournis avec dans leur besace chacun de leurs premiers tours pour les années à venir, le choix des Kings 2019 s’il échoit à la première position (peu probable je vous l’accorde mais sait-on jamais), le choix du Heat 2021 et 10 choix de deuxième ronde sur les drafts 2019-2021.

Etudions maintenant le cas de Bradley Beal himself.

La situation de Bradley Beal

Evidemment, sommes-nous tentés de dire. Le franchise player des Wizards est l’option n°1, 2, 3, 4 et 5 de Philadephie et ce de manière incontestable.

Pourquoi ce postulat aussi élevé ?

Plaçons nous sur un plan purement abstrait: vous avez un joueur qui n’a que 25 ans, qui est déjà dans l’élite de son poste, tourne autour de 40% à 3 points, solide slasher, a une sélection de tir extrêmement intéressante, est un défenseur solide et pour couronner le tout possède un QI basket parmi les plus élevés de la ligue.

A cela, vous ajoutez une rémunération très correcte par rapport à sa production (25M l’année) et surtout un contrat qui court encore sur 3 ans en comptant cette année.

Pour l’obtenir, il faudra inévitablement payer le prix fort.. à moins que Beal lui-même ne demande son transfert, ce qui n’est pas à exclure vu l’atmosphère pour le moins.. orageuse qui règne du côté de Washington.

En se plaçant du point de vue d’Ernie Grunfeld, l’idéal semble de récupérer des shooteurs pour espacer le terrain à John Wall, des tours de draft pour rééquilibrer l’effectif et au moins un ailier pour solidifier le tout.

L’offre qu’il demanderait serait donc quelque chose comme Redick, Shamet, Chandler, Muscala et au moins deux premiers tours. Pour équilibrer l’accord, il devra vraisemblablement se séparer de Markieff Morris mais vu le tournant que prendrait son équipe s’il s’engageait dans de telles négociations, on peut douter que ce soit un réel problème vu que ce dernier est expirant.

Demanderait-il nécessairement à récupérer Fultz ?

Pas sûr. Vraiment pas. Outre l’évident doublon avec John Wall, on voit difficilement l’intérêt des Wizards de récupérer un joueur disons-le en perdition quand leur objectif serait vraisemblablement de rester compétitifs.

Tout l’enjeu pour Elton Brand et son équipe serait donc d’essayer de garder au moins l’un des deux entre Redick et Shamet ainsi que de maintenir Zhaire Smith hors des négociations. En résumé, le but du jeu serait de convaincre le décisionnaire des Wizards de renoncer à acquérir des joueurs de rotation au profit d’une quantité de tours de draft plus importante.

La question est maintenant de savoir si l’apport éventuel/supposé de Beal vaut autant de sacrifices.

Un risque finalement minime ?

Avant de nuancer le propos, faisons un peu l’inventaire des risques, qu’ils soient certains ou éventuels.

Tout d’abord, un tel échange est dangereux du point de vue de la construction d’effectif car il consomme plus de joueurs de valeur qu’il n’en rapporte: l’effet serait le même que celui généré par le transfert qui a mené Jimmy Butler sur la route de Philadelphie, à savoir un raccourcissement de la rotation.

Ensuite, par ricochet, vu que le banc s’appauvrit, le front office cherchera forcément à le renforcer. Or la méthode la plus facile pour y parvenir est de peupler le banc de vétérans payés au salaire minimum, qui, outre le fait qu’ils n’amènent pas nécessairement la fraîcheur dont ont besoin les grosses équipes, peuvent partir d’une année sur l’autre, ce qui nuit à la stabilité de l’effectif.

Enfin, déjà que le playcalling offensif de Brett Brown est extrêmement pauvre et qu’il peine énormément à ne serait-ce qu’intégrer Jimmy Butler (on ne parle même pas de le maximiser..), on peut clairement avoir des doutes sur la capacité du maître Jedi des 76ers à tirer le plein potentiel d’une véritable armada, chose que les voisins des Eagles ne sont pas encore.

Ces inquiétudes sont toutes légitimes et peuvent toutes conduire à divers scénarios peu reluisants pour l’équipe. Néanmoins tous sont à relativiser et ce pour plusieurs raisons.

La première, c’est que Beal étant encore sous contrat pour longtemps, son arrivée pourrait sauver les prétentions de Philly en cas de départ de Jimmy Butler à l’été. Peut-être même est-ce la raison numéro 1 qui fait que le jeu en vaut clairement la chandelle.

Outre cela, il faut avoir à l’esprit que JJ Redick était à deux doigts de signer à Indiana cet été. S’il a laissé la possibilité aux 76ers de s’aligner, il aurait tout aussi bien pu partir. Son retour a été permis uniquement parce que la franchise a échoué à signer LeBron James et disposait donc d’une manne financière importante. Cet été, il faudra soit prolonger Jimmy Butler, soit offrir autour de 30M annuels à Kawhi Leonard, Kevin Durant, Kyrie Irving ou Klay Thompson (allez savoir). Le seul scénario dans lequel Redick pourrait être payé une 3e fois serait celui où Butler part et aucun des prestigieux noms qui seront sur le marché cet été ne pose ses valises en Pennsylvanie ou s’il accepte de revenir pour une MLE ou une BAE ou le minimum vétéran. La fenêtre est donc mince. Très mince. Redick est dans la force de l’âge, possède un profil ultra recherché et se verra certainement offrir entre 15 et 20M annuels cet été. Le sacrifier serait donc certes préjudiciable pour cette année mais il faut bien reconnaître qu’il est fort probable que nous l’eussions de toute façon perdu lors de la free agency à venir.

A côté de cela, une telle perte aurait au moins un avantage: Brett Brown serait obligé de complètement repenser son système offensif et d’enfin maximiser ses meilleurs joueurs au lieu de faire d’un role player la pièce centrale de son attaque.

Ensuite, il faut bien prendre en compte ce fait que les 76ers n’ont en réalité que faire de leurs choix de draft à venir. La construction d’effectif n’est pas loin d’être terminée et ce genre d’asset est assez facilement sacrifiable.

Pour terminer, si en apparence un deal type Beal + Morris vs Redick + Chandler + Johnson + Korkmaz + X tours de draft appauvrit la profondeur d’effectif, il faut prendre du recul et sortir de la culture de l’instant: si la rotation est aussi courte en l’état, c’est que Fultz est à New York, Smith à l’infirmerie et que Brown se refuse à lancer Bolden dans le grand bain.

Certes, peut-être qu’après tout aucun d’eux n’aura de rôle important cette année.

Toutefois à moyen terme, ce sont 3 joueurs avec qui il faudra compter. Si vous partez du principe que le 5 est constitué de Simmons, Beal, Butler, Morris et Embiid, il vous reste un banc composé de Fultz, Shamet, Smith et Bolden, sachant qu’au cas où, vous avez encore TJ McConnell, Shake Milton et Justin Patton (si ce dernier revient cette saison) qui pourront dépanner. Si vous partez sur un deal où beaucoup de jeunes joueurs sont sacrifiés, vous n’aurez certes pas un banc idéal mais au moins vous aurez de quoi bricoler, sachant que la période des buyouts pourra aussi vous aider dans ce domaine pour a minima tenir la saison sans prendre l’eau.

A chacun de se faire son avis, mais il faut bien reconnaître que la perspective d’avoir 3 voire 4 joueurs dans le top 20 de la NBA pour minimum 3 ans a de quoi faire réfléchir. Celle de jouer le titre pendant un temps égal en a encore plus.

Allez, Trust the Process.

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