Le nouveau CBA introduit peu de changements fondamentaux mais chacune des modifications significatives renforce la pertinence des choix de l’ancien décisionnaire des Philadelphia76ers. En renforçant la capacité des franchises à prolonger leur joueur majeur, le nouveau CBA valide la stratégie déployée par les 76ers, en introduisant les two-way contracts (en attendant celle d’un troisième tour lors de la draft), les nouvelles règles édictées par les joueurs et la Ligue créent le terreau propice à une meilleure valorisation des choix du second tour.
Alors que l’effectif des Philadelphia 76ers gagne en densité à mesure que les draft s’égrènent, l’utilisation de la myriade de choix du second tour dont dispose la franchise (20 choix d’ici à 2023, 4 sélections dans le second tour 2017) et la stratégie de développement des prospects sélectionnés pourrait être repensée au bénéfice de l’intronisation des two-way contracts, et avec elles, la valorisation des choix du second tour sur le marché.
Premier tour | Second tour | |
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2018 | - Choix des 76ers - Choix des Lakers, (1 + 6-20) | - Choix des 76ers - Choix le plus favorable entre celui des Clippers et des Knicks - Choix le plus favorable entre celui des Cavs et celui des Nets - Choix des Rockets |
2019 | - Choix des 76ers - Choix des Sacramento Kings, non protégé ou - Choix le moins favorable entre celui des 76ers et celui des Sacramento Kings (protégé top 1)* si le choix des Lakers 2017 (2-5) n'a pas été envoyé à Boston. | - Choix des 76ers - Choix le plus favorable entre celui des Kings et celui des Bucks (via Nets) |
2020 | - Choix des 76ers | - Choix des 76ers - Choix des Nets - Choix des Knicks - Choix des Mavs |
2021 | - Choix des 76ers | - Choix des 76ers - Choix des Knicks |
2022 | - Choix des 76ers | - Choix des 76ers |
2023 | - Choix des 76ers | - Choix des 76ers |
Voici le premier chapitre d’un plus long récit, comment le nouveau CBA entérine la victoire idéologique de Sam Hinkie.
Qu’est-ce qu’un two-way contract ?
Dès l’année prochaine, les franchises NBA pourront signer jusqu’à deux joueurs sous l’égide d’un contrat hybride NBA/D-League en plus de leur effectif de 15 joueurs. L’idée est avant tout de renforcer la compétitivité sportive et économique de la ligue de développement tout en affermissant les liens entre les franchises NBA et leur franchise affiliée de D-League. Si les joueurs concernés évolueront principalement en D-League, les franchises NBA détiendront leurs droits exclusifs et pourront les convoquer sitôt qu’elles le souhaiteront sans avoir à couper un autre joueur.
Ndlr : Ne percevant pas les prébendes de Gatorade pour le naming de la Ligue de développement, on appellera ici la D-League, D-League.
Qui est éligible à un two-way contract ?
Les joueurs sous contrat NBA ne peuvent signer pas un two-way contract. A cet égard, les joueurs issus du premier tour de la draft 2017 et donc titulaires d’un contrat rookie garanti ne seront pas éligibles à ce nouveau type de contrat. Par ailleurs, seuls les joueurs avec moins de quatre années d’expérience en NBA pourront parapher un two-way contrat.
Les contrats sont d’une durée maximum de deux années et ne comporteront pas d’option. Les joueurs qui ont déjà trois années d’expérience en NBA pourront signer un two-way contract mais ce dernier sera d’une durée maximum d’une année puisqu’à l’échéance de leur contrat, ils auront quatre années d’expérience en NBA.
Combien seront payés les joueurs évoluant sous l’égide d’un two-way contract ?
La rémunération des joueurs variera selon qu’ils évolueront en D-League ou en NBA. C’est là l’essence du two-way contract. Lorsqu’un joueur signataire d’un two-way contract évoluera dans la ligue de développement, il percevra des émoluments indexés sur la base salariale déterminée par la D-League. Pour la saison 2017/2018, ce salaire est fixé à 75 000 dollars et augmentera de 3% par an.
Année | Salaire |
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2017/2018 | 75 000$ |
2018/2019 | 77 250$ |
2019/2020 | 79 568$ |
2020/2021 | 81 955$ |
2021/2022 | 84 414$ |
2022/2023 | 86 946$ |
2023/2024 | 89 554$ |
2024/2025 | 92 241$ |
Lorsqu’il évoluera en NBA, le joueur récipiendaire d’un two-way contract percevra le prorata correspondant au salaire minimum dévolu aux joueurs jouissant de son expérience.
A titre de comparaison, les joueurs de D-League ne peuvent percevoir plus de 26 000 dollars par an. L’introduction des two-way contracts garantira une rémunération sensiblement plus importante à leurs bénéficiaires mais largement en deçà des standards du contrat minimum de la Grande Ligue.
Comment ces salaires seront-ils comptabilisés dans le salary cap des franchises NBA ?
Les franchises NBA pourront signer des two-way contracts sans avoir à disposer du cap space disponible, ni à mobiliser quelconque exception. Les two-way contracts ne seront pas comptabilisés dans le salary cap.
Les franchises qui souhaiteraient faire signer un two-way contract à un joueur évoluant à l’étranger ne pourront payer la clause de buyout du joueur afin de le libérer de ses engagements. Les franchises NBA ne pourront plus signer de two-way contracts après le 15 janvier.
Combien de temps les joueurs sous l’égide d’un two-way contract peuvent-ils passer avec la franchise NBA ?
Il s’agit là de la principale limite à l’utilisation des two-way contracts. Les joueurs signataires d’un tel contrat ne peuvent passer plus de 45 jours avec la franchise NBA. Ne seront pas comptabilisés les jours passés avec la franchise lors du training camp, ni ceux avant que la saison de D-League ne débute et ceux passés sous le giron de la franchise NBA après le terme de la saison de la D-League.
Un tel décompte risque de donner lieu à de multiples communiqués attestant de la présence de tel joueur au sein de telle équipe. En effet, seront comptabilisés tous les jours passés auprès de la franchise NBA, qu’ils s’agissent de jours où le joueur est dans le groupe pour une rencontre, ou des jours passés avec ses coéquipiers en déplacement, de ceux passés à réaliser des workouts ou de simples entraînements, etc…
Si une équipe venait à vouloir conserver un joueur signé pour un two-way contract au-delà de ces 45 jours, alors elle devra lui soumettre un contrat NBA classique. Dès lors, le joueur ne sera plus considéré comme étant le signataire d’un two-way contrat et son contrat NBA sera intégré dans le cap space de la franchise NBA et dans l’effectif de 15 joueurs. La franchise pourra de nouveau signer un autre joueur à un two-way contract.
Un joueur sous l’égide d’un two-way contrat ne pourra pas disputer les playoffs. Il conviendra de le signer à un contrat NBA standard.
Les joueurs détenteurs d’un two-way contract peuvent-ils être échangés ?
Les joueurs sous l’égide d’un two-way contract peuvent être échangés mais ne peuvent pas l’être durant les 30 jours qui suivent leur signature. Comme leurs salaires ne sont pas comptabilisés dans le salary cap, leur échange ne génère aucune trade exception.
Les joueurs ayant paraphé un two-way contract deviendront RFA s’ils ont passé au moins 15 jours en NBA lors de la dernière année de son contrat. Dans le cas contraire, ils deviendront agent libre non restreints. Par ailleurs, les franchises disposeront des Early Bird Rights pour resigner un joueur qui aura passé deux années sous l’égide d’un two-way contract.
Quelles incidences sur la construction de l’effectif des Philadelphia 76ers ?
Concrètement, les two-way contracts étendent la limite du roster de deux éléments que la franchise pourra rapatrier de la ligue de développement à tout moment sans avoir à couper qui que ce soit ni à dégager de cap space. De manière générale, de tels contrats seront remarquablement utiles lorsqu’une équipe sera confrontée à une hécatombe de blessures, cherchera à reposer ses cadres ou à…« tanker ». Plus simple d’utilisation que la hardship exception, plus à même de servir le contrôle d’une franchise sur les destinées et le développement des prospects, les two-ways contracts seront des outils intéressants à disposition des GM soucieux de dégager des gains marginaux des arcanes du CBA.
Si un joueur signe un two-way contract avec les 76ers/87ers, alors seuls les Philadelphia 76ers pourront le voir évoluer en NBA. Les joueurs qui jusqu’à présent jouaient pour les Delaware 87ers pouvaient être convoqués en NBA par n’importe quelle franchise que ces derniers aient joué avec les 76ers lors du training et aient hérité du statut de « affiliate player » ou non. Quand les 76ers ont décidé de faire appel à Shawn Long, l’an passé, ils ont dû lui offrir un contrat NBA (deux contrats de dix jours, puis un contrat pluriannuel partiellement garanti) et créer une place dans leur effectif.
Pour les franchises l’intérêt pour ce type de contrat est double : ces joueurs ne peuvent pas être signés par une autre franchise NBA et ils n’occupent pas une des 15 places de l’effectif. Les two-way contracts peuvent également contribuer à remédier à une situation paradoxale : celle qui fait que les joueurs ont bien souvent plus intérêt à ne pas être draftés plutôt qu’à l’être lors du second tour. Non seulement, les joueurs draftés lors du second tour ne disposent pas du contrat garanti afférent à une sélection lors du premier tour mais ils ne peuvent négocier leur contrat qu’avec une seule équipe, celle qui les a sélectionnés, quand les joueurs non draftés peuvent discuter avec l’ensemble des franchises. Pis encore, certaines franchises à l’effectif largement fourni préfèrent convier à leur training camp des joueurs non draftés de peur de ne pas disposer de la place suffisante pour offrir un contrat à leur choix du second tour et donc d’être obligées de les couper et de perdre le bénéfice de leurs droits. Telles furent les destinées de Tyrone Wallace, 60ème choix de la draft 2016. Drafté par le Jazz, il n’a pas été invité au training camp, a été assigné en D-League chez les Salt Lake City Stars, et n’a jamais été convoqué en NBA en dépit de la litanie de blessures dont a souffert le Jazz parce qu’ils auraient alors été contraints de couper quelqu’un lui faire de la place.
Pour les joueurs l’intérêt est à géométrie variable en fonction des aspirations et de leur promptitude à parier sur eux-mêmes.
Concrètement, pour les joueurs, le bénéficie de l’introduction de tels contrats peut s’analyser sur deux volets.
Premièrement, sur le plan financier. Le salaire minimum NBA est près de 10 fois supérieur aux émoluments dévolus aux joueurs de D-League. Etre convoqué en NBA durant deux semaines suffirait pour qu’un détenteur d’un two-way contract puisse doubler leur salaire annuel. Ces nouveaux contrats contribuent à renforcer la compétitivité économique de la Ligue de développement.
Ce regain d’attractivité pécuniaire ne saurait s’analyser en dehors d’un contexte favorable à ces convocations dans la Grande Ligue. En effet, signé pour un two-way contract, le joueur passera beaucoup plus de temps sous le giron direct de la franchise NBA qu’un joueur de D-League dépourvu d’un tel contrat. Les contraintes liées à une convocation du joueur en NBA étant levées (salary cap, place dans l’effectif), les allers-retours entre les deux ligues devraient être plus nombreux, la présence du joueur aux entraînements du groupe NBA plus régulière, ce qui facilitera son adaptation aux systèmes de jeu. Un joueur signataire d’un two-way contracts s’offre bien plus d’opportunités de bénéficier de temps de jeu au sein de la franchise NBA qu’un joueur seulement signé à un contrat de D-League classique, tout percevant des émoluments significativement plus élevés.
Pour autant, ces avantages ne seront pas perçus comme tels par bon nombre de joueurs et leurs représentants. Un two-way contract ne fait pas de sens pour tous les joueurs. Les franchises NBA, au surplus celles qui détiennent pléthore de sélections, pourraient être tentées de proposer un tel type de contrat à des joueurs issus du second tour, arguant qu’un tel contrat offrirait au prospect un cadre optimal destiné à assurer son développement : temps de jeu en D-League, présence auprès du staff et des joueurs NBA, temps de jeu potentiellement non marginal en NBA, intérêt direct de franchise NBA au développement du joueur.
Pour autant, les agents seront probablement peu enclins à souscrire à ce type de contrat dans la mesure où les émoluments prévus sont drastiquement inférieurs à ceux dévolus aux détenteurs d’un contrat NBA au salaire minimum et qu’ils limitent dangereusement la marge de négociation du joueur puisque les signataires d’un two-way contract ne peuvent être appelés en NBA et signer un contrat NBA qu’avec une seule franchise.
Les meilleurs joueurs – ou a minima ceux ayant suffisamment confiance en leurs qualités – issus du second tour voire parmi ceux non draftés, seront tentés de mettre en exergue leurs talents auprès des 30 décisionnaires plutôt qu’au profit d’un seul.
Les joueurs les plus prompts à parier sur leur propre talent et leur capacité à s’attirer les convoitises des GM pourront s’inspirer de la jurisprudence K.J McDaniels qui avait refusé de parapher le contrat hinkien soumis par l’ancien décisionnaire aux joueurs issus du second tour ou non draftés qu’ont signé Jerami Grant, Richaun Holmes, T.J McConnell, Robert Covington, Hollis Thompson etc…
A lire : A quoi joue K.J McDaniels?
Tenter de contraindre un joueur de parapher un tel contrat, c’est s’exposer à ce qu’il signe la required tender offer et force la main du GM comme purent le faire à la suite de McDaniels, J.P Tokoto et Jordan McRae.
A lire : Jordan McRae et J.P Tokoto sur les traces de K.J McDaniels
Si le pari de K.J McDaniels a fonctionné sur le plan financier, il joue désormais les utilisés en sortie de banc dans la plus mauvaise équipe de la Ligue. J.P Tokoto, en dépit de prestations probantes en D-League, n’a toujours pas évolué en NBA et Jordan McRae tente désormais de monnayer sa bague de champion NBA.
Avant de parapher un two-way contracts, les joueurs devront choisir entre ce qu’ils entendent prioriser entre de plus larges émoluments et un cadre susceptible de favoriser leur développement et leur utilisation au sein d’une franchise ou leurs opportunités de négocier avec chacune des 30 franchises NBA. Pour un joueur sélectionné en début de second tour, disons avec le 36ème ou le 39ème choix, l’alternative serait la suivante : signer un two-way contract et sacrifier sa capacité de négociation avec les 29 autres franchises suivant sa draft, signer la required tender offer et contraindre la franchise qui l’a drafté à lui soumettre un contrat NBA ou à le couper. Il s’agira alors pour le GM de bien appréhender les aspirations des joueurs qu’ils escomptent sélectionner.
En élargissant le cercle des joueurs NBA à 60 membres supplémentaires, les two-way contracts confèrent une utilité nouvelle aux choix du second tour les plus tardifs et renforcent la compétitivité économique de D-League tout en offrant un nouveau support de développement des prospects aux franchises NBA disposant d’une équipe affiliée en D-League.
Avec quatre sélections dans le second tour de ce millésime et un nouveau type de contrat qui les valorise, Bryan Colangelo détient les ressources idoines pour mettre la main sur le prochain Robert Covington.
Seul face à la lumière blafarde de mon League Pass, j'ai décidé une nuit de créer un site pour rassembler les fans des Philadelphia Sixers. Si vous lisez cette bio, c'est déjà une victoire.