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Draft 2017

Jonah Bolden, un talent caché dans le second tour

Sélectionné en 36ème position lors de la draft 2017, auteur de prestations remarquées lors des Summer Leagues d’UTAH et de Las Vegas, Jonah Boden s’est fait un nom sur les rives du Delaware. Pourtant rares étaient les observateurs à connaître le prospect avant qu’il ne soit convié sur la scène du Barclays Center, le 22 juin dernier et qu’il mette en exergue ses qualités lors des compétitions estivales.

L’australien poursuivra son apprentissage au Maccabi Tel Aviv, loin des joutes NBA et des radars des partisans de la franchise aux trois bannières. L’occasion  de vous proposer un article de Jonathan Tjarks sur Jonah Bolden, paru sur le site The Ringer

Après cette lecture, nul doute que vous serez plus enclin à surveiller le joueur de très près.

 

Jonah Bolden, un talent caché dans le second tour ?

 

Jonah Bolden est le joueur le plus sous côté de cette draft. C’est ce qui arrive quand vous quittez UCLA pour la Ligue Adriatique. Bolden figurait dans le top 50 des prospects en 2014 selon le Recuiting Services Consensus Index, et comme beaucoup d’autres joueurs de ce pedigree, il n’était pas satisfait par son rôle à l’Université. Après avoir été écarté durant sa première année à Westwood pour des problèmes scolaires, il ne voulait pas perdre une autre année afin d’être transféré, il partit à l’étranger, et arriva au KK FMP, à Belgrade en 2016. Bolden rempli sa feuille de statistiques, avec une moyenne de 12.9 points à 48,1 % aux tirs, 7.2 rebonds, 1.8 passes, 1 contre et 1 interception par match. S’il avait réalisé une telle saison à UCLA, nul doute qu’il aurait était perçu comme un joueur à sélectionner dans la loterie plutôt que dans le 2nd tour. (Bolden figure de manière unanime dans le top 30 du The Ringer’s NBA Draft Guide)

Le talent n’a jamais été un problème pour Bolden. Avec ses 2m08, 102kg et 2m20 d’envergure, il présente un alliage de longueur et de qualités athlétiques que toutes équipes de NBA recherchent sur les ailes. Natif d’Australie, passé par une prep school aux Etats-Unis, Bolden fut courtisé par toutes les équipes avant de choisir UCLA. Cependant, il n’a jamais évolué à la hauteur de son potentiel sous les ordres de Steve Alford. écarté pendant une saison, puis utilisé en sortie de banc dans une équipe qui a sous-performé, avec un bilan de 15-17 en 2015/2016. Lonzo Ball a stabilisé le poste de meneur et a changé la donne pour les Bruins la saison dernière, mais Bolden avait déjà décidé de quitter l’équipe.

« J’ai eu une bonne expérience avec les coachs à UCLA, je suis toujours proche de beaucoup de personnes de là-bas, mais j’ai senti que je pouvais faire mieux en Europe et mettre davantage à profit mes compétences. » m’a confié Bolden par téléphone la semaine passée.

« Je savais ce qui m’attendait. Ma mère est Egyptienne et mon père (Bruce Bolden, une star à Boise State dans les années 1980) joué 17 saisons à l’étranger. Originaire d’Australie, je me suis toujours senti comme un étranger aux Etats-Unis, je quittais donc un pays étranger pour en rejoindre un autre ».

La transition avec l’Europe n’a pas été facile. Bolden a quitté sa vie à Los Angeles, dans l’un des meilleurs campus du pays, pour débarquer dans un tout petit appartement, près du gymnase de l’équipe. Il était le seul joueur de son âge dans l’équipe et il devait supporter des trajets en bus de 10 heures en direction des différentes villes de l’ancienne Yougoslavie, ainsi que des supporters hostiles qui jettent des pièces de monnaies et des batteries sur les joueurs adverses.

«  Toute cette expérience m’a permis de m’adapter à toutes les situations. Je me sens prêt pour tout maintenant. J’ai appris à devenir un professionnel. C’était du genre « fais-le ou meurs » pour moi là-bas. Je me suis jeté dans le vide et j’ai du m’en sortir seul ».

Bolden a préféré jouer pour son second coach, Branko Maksimovic, qui a permis à l’équipe de joueur sur un rythme plus élevé et offert plus de liberté offensive à ses joueurs, mais il a progressé indépendamment de qui était en charge de l’équipe. Il a été désigné meilleur jeune joueur de la Adriatic League en fin de saison, suivant les pas de Ante Zicic, Dario Saric et Nikola Jokic.

L’analyste d’ESPN, Fran Fraschilla, confirme que la ligue Adriatique est une ligue de bon niveau.

« La Ligue Adriatique fait partie des ligues de niveau moyen en Europe et beaucoup de joueurs progressent ici. Si la meilleure équipe de la Ligue Adriatique jouait contre UNC, elle l’emporterait probablement 6 fois et UNC 4 fois ».

Aucune équipe universitaire ne pourrait proposer un bon vis-à-vis pour s’opposer à la nouvelle version de Bolden. Le changement le plus marquant pour lui cette saison fut la redécouverte de son son jeu à 3 points, passant de 25 %, en 1,2 tentatives par match à UCLA, à 41.9 %, avec en moyenne 4.2 tirs 3 points tentés à FMP. Il peut dégainer de loin, jouit d’une mécanique qui lui permet de relâcher la gonfle très haut, est capable de tirer depuis différentes positions sur le terrain très rapidement en réception de passe. Tous ces éléments font de Bolden un joueur apportant du spacing pour ses coéquipiers.

 

 

Ce qui le rend unique, c’est son profil de stretch 4 qui a les qualités athlétiques et procure la protection de cercle d’un poste 5. C’est un danger pour ses adversaires. Il peut attraper et finir par un lob partout autour du panier.

 

 

Bolden est à l’aise avec le ballon en main et il aime lancer les contre-attaques lui-même après avoir pris un rebond défensif. S’il tente occasionnellement des passes particulièrement difficiles, c’est un joueur qui dispose d’un bon QI basket, une bonne vision du jeu et qui sera bien plus à l’aise quand il évoluera aux côtés de joueurs plus talentueux en NBA.

 

 

Bolden s’est rappelé de cette action, de la demi-finale des playoffs de la Ligue serbe, dès que je l’ai évoquée.

« Mon coéquipier n’était pas prêt pour cette passe. Je l’ai vue deux pas trop tôt. Avant même que je ne reçoive la balle, je savais où il allait se placer » dit-il tout en riant.

Le fait que vous voyez une action ne signifie pas que vous devez l’exécuter et Boden va devoir apprendre à évoluer sur cette ligne de crête pour gagner la confiance de ses coachs NBA. Il joue constamment avec la tête levée et il est un des rares joueurs de sa taille qui peut déstabiliser une défense et aussitôt courir dans la direction opposée.

 

 

Comme la plupart des joueurs draftés en dehors de la lottery, Bolden devra gagner sa place grâce à la défense, et il a les moyens pour devenir un joueur qui pèse dans ce secteur. Si ses efforts furent parfois fluctuants – ce qui est commun pour un joueur de son âge – il a démontré sa polyvalence et sa faculté à défendre sur plusieurs types de joueurs et dans différentes situations.

 

Peu de joueurs ont cette capacité à protéger le cercle et à se déplacer aussi naturellement dans le périmètre. Il n’a certes pas l’instinct ou la mentalité d’un contreur d’élite, mais quand il est en bonne position, il est capable de jouer bien au-dessus de l’arceau et de rejeter des tirs avec autorité.

 

 

L’un des aspects les plus intrigants du profil défensif de Bolden est sa faculté à s’intégrer dans des schémas défensifs où chaque joueur peut switcher qui sont de plus en plus utilisés en NBA. Lors de l’extrait suivant, Jonah Bolden swicth sur le meneur de jeu du Mega Leks, Ognjen Jaramaz et le contraint à prendre un tir impossible.

 

 

« Je pense que ma polyvalence en défense est une de mes qualités. Je veux devenir un joueur capable de défendre sur les 5 positions. »

L’une des critiques les plus régulièrement formulées à l’endroit de Bolden dans les cercles des scouts est qu’il n’est pas assez dur pour survivre dans les raquettes NBA. Il doit continuer de se renforcer physiquement, mais sa carrure s’est considérablement étoffée depuis son passage à UCLA, et ce n’est comme s’il était amené à évoluer constamment dans la peinture à l’échelon supérieur.

La dimension ironique de la décision de Bolden de rejoindre l’Europe est qu’il escomptait pouvoir y jouer au poste de small forward afin de mettre en exergue son répertoire dans le périmètre mais la différenciation entre les postes 3 et 4 s’est aujourd’hui largement estompée en NBA. La nature du poste 4 évolue rapidement avec des joueurs comme Harrison Barnes ou Al-Farouq Aminu qui se retrouvent souvent à jouer au poste 4.

Bolden est parfaitement outillé pour switcher sur les écrans, défendre dans le périmètre, tout en étant solide au rebond et capable d’enfoncer son adversaire au poste bas, ce qui est très important pour les postes 3, 4 et 5.

Contrairement à des joueurs comme Okafor qui est né 15 ans trop tard pour jouer en NBA, Bolden est arrivé dans la Ligue au moment précis où toutes les conditions sont réunies pour qu’un joueur avec son répertoire s’impose.

Il n’y a que deux autres joueurs dans cette draft, en dehors de Bolden, qui shootent à plus de 40% à 3 points et qui tourne à au moins 1 contre et 1 interception par match. Ces deux joueurs sont Markelle Fultz (ndlr : drafté en première position par les Sixers) et Derrick White, un arrière senior de Colorado, qui pourrait être choisi lors du premier tour (ndlr : 29ème choix, San Antonio Spurs).

Son coach au lycée, Jason Smith, qui a envoyé 10 joueurs en NBA lors des 16 années passée à la Brewster Academy, loue les qualités de Jonah Bolden.

« Ce qui surprendra les gens à propos de Jonah c’est à quel point c’est un bon shooteur et à quel point il est athlétique.. C’est le prototype du combo forward (ndlr : joueur capable de jouer 3 et 4). Il revient de Serbie cette semaine, et je pense que dès qu’il commencera à s’entrainer avec les équipes NBA, elles se rendront compte du joueur qu’il est.»

Un des facteurs qui explique que Bolden demeure aussi bas dans les projections tient quant à la faible exposition dont il a bénéficié et qu’un grand nombre de décisionnaires n’ont pas eu l’opportunité de le rencontrer depuis son départ d’UCLA. Sa saison en Serbie ne se termine pas avant la mi-juin, ce qui ne lui permet pas de s’investir autant que les autres prospects dans le jeu des workouts. Il participera à un pro day, le 17 juin à Los Angeles, mais la présence des décisionnaires est incertaine tant à quelques encablures de la cérémonie leur agenda est particulièrement chargé.

NDLR : les réflexions de Jonathan Tjarks sur la situation contractuelle de Jonah Bolden avec l’Etoile Rouge de Belgrade n’ont pas été traduites.

Si Bolden était resté à UCLA et avait passé une année à jouer sur transition avec Ball, nul ne sait où il aurait pu être drafté.

Deux des big men l’ayant remplacé à UCLA, TJ Leaf et Ike Anigbogu, sont actuellement projetés comme des sélections du premier tour (ndlr : les deux Bruins ont été sélectionnés par les Indiana Pacers au 18ème choix pour Leaf et au 47ème choix pour Anigbogu), même si aucun des deux n’est aussi polyvalent que Bolden.

Peu importe où il ira, Jonah Bolden aborde cette perspective avec une maturité qui surprend pour son âge : « Une fois que la draft sera finie, peu importe que vous soyez sélectionné dans la loterie ou lors du 2nd tour, nous devons tous démontrer que nous méritons notre place en NBA, et je sais que j’en suis capable. »

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